La rumeur court depuis quelques mois, mais cette fois ça y est ça explose, tout le monde va en parler. Après The Observer, le New York Times y est même allé de son article dimanche 9 novembre.
La star: un quotidien révolutionnaire lancé en mai 2009 au Portugal, et répondant au doux nom de "i". Trois mois après son lancement en pleine crise économique et crise de la presse, il se classait troisième quotidien portugais, avec des ventes à la hausse. Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous, vu la petite taille du marché de la presse au Portugal: les deux plus gros quotidiens, Público et Diário de Notícias ont vendu respectivement 37 000 et 31 000 unités, selon l'article du New York Times. Le marché a donc encore un gros potentiel de développement, avec seulement 60 journaux vendus pour 1000 habitants.
Mais "i" est quand même passé de 11 000 ventes en mai à plus de 16 000 en août, et continue sur sa progression; le journal a également gagné un des prix du meilleur design des journaux espagnols et portugais en Octobre. Ceci grâce à des choix esthétiques et journalistiques tranchant radicalement avec ceux des quotidiens traditionnels. La formule magique a été concoctée début 2009 par l'équipe du journal et le cabinet de conseil en médias Innovation.
C'est drôle, c'est aussi eux qui ont travaillé sur la nouvelle formule de Libération. On sent d'ailleurs bien le lien de parenté en comparant les "unes", mais avec "i", ils ont pu se lâcher, pas encombrés par la réputation d'un grand quotidien.
Résultat: un pur "quotidien-magazine" sans retenue, rempli de photos et d'infographies. Cinq sections, et pas de rubriques à remplir obligatoirement chaque jour: Opinion pour penser, Radar pour connaître, Zoom pour comprendre, et More pour ressentir. Cinq mots clefs, cinq manières d'analyser l'actualisé déclinées sur 56 à 64 pages. La philosophie: les gens vont chercher les faits sur internet, à la radio; dans la presse papier ils cherchent de la qualité, photo, design, analyses en profondeur, et surtout, l'opinion, mise en avant.
L'équipe est jeune et cherche à innover en permanence dans ses reportages et ses enquêtes, et surtout son graphisme, comme le confie l'équipe dirigeante à l'EditorsWeblog: "au départ, on pensait avoir des mises en page fixes... mais tout ça a vite volé en éclats, et on a réalisé que tout le graphisme, le design et la mise en page devaient être refaits chaque jour sur mesure pour les textes des reporters." Et ça se voit.
Le quotidien est aussi très présent sur internet, Facebook, Twitter, et ambitionne de créer une véritable marque "i", qui se déclinerait sur différents supports.
Les investisseurs leur donnent 5 ans pour arriver à l'équilibre. D'ici là, ils continuent chaque jour de proposer des unes plus travaillées les unes que les autres, en travaillant dans leur salle de rédaction toute neuve, elle aussi pensée par Innovation.Ils n'ont pas fait les choses à moitié, contrairement à Libération, qui garde une page web calamiteuse, même si la nouvelle formule porte pour l'instant ses fruits. Gardons donc un oeil sur "i" au Portugal, sorte de mixte entre Good Magazine et XXI, dommage qu'on ait pas ça en France.